Dans l’essor que connaît le continent africain, un mouvement profond aspire à bouleverser les tendances observées jusqu’ici. S’il existe peu de chiffres officiels pour attester du nombre de migrants qui franchissent les frontières de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique pour un retour définitif dans les pays d’origine, de plus en plus d’articles de presse, de témoignages sur les réseaux sociaux et de nouvelles opportunités font humer un désir fort d’Afrique.
De quoi l’acte de rentrer est-il le nom ?
Selon le rapport 2018 de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) titré « le développement économique en Afrique », entre 2009 et 2010, 2 migrants sénégalais sur 3 ont entrepris un retour au Sénégal après 15 ans à l’étranger. 10 ans plus tard, on peut deviner aisément une accélération de la tendance dans un contexte économique beaucoup plus favorable en Afrique et le contexte d’extrême-droitisation dans les sociétés européenne et américaine matérialisé par le durcissement des règles d’accueil des étrangers.
Par ailleurs, mon intime conviction est que l’acte de rentrer est une expression d’un mouvement vers l’intérêt général. Les africains partis reviennent non pas pour dire et faire ce que ceux restés sur place auraient pu dire ou faire. Ils ne reviennent pas non plus pour plaire et faire comme s’ils n’étaient jamais partis. En réalité ils reviennent juste pour rester à leur place et prendre part, aux côtés de ceux qui sont restés, à cette belle et grande mutation des économies africaines. Il s’agit d’une réelle démarche de progrès.
Enfin, la décision de rentrer est surtout de l’ordre de l’intime. C’est un travail sur soi engagé par chaque migrant, contre l’avis tranché des siens parfois et contre les idées reçues sur un hypothétique échec. Il s’agit de s’engager dans une démarche d’optimisme, de vérité et de conviction pour un retour gagnant.
Prendre le risque d’un retour
L’acte d’émigrer quelle que soit sa motivation (économique, écologique ou sécuritaire) trouve dans sa finalité un objectif de réussite et d’accomplissement personnel. L’acte de rentrer dans son pays d’origine quand il n’est pas subi ou forcé, répond exactement à la même aspiration. On comprend aisément que cet acte représente un enjeu important auquel l’émigré doit nécessairement réfléchir. Au-delà d’un projet personnel, le contexte social de nos sociétés africaines exerce une pression « normalisée » sur la tête des repats. La notion de risque trouve dès lors tout son sens, ici.
En interrogeant le vécu de bon nombre de candidats au retour, le risque est essentiellement traité à travers deux approches.
La première réside en la capacité pour certains de bâtir en terre africaine un projet entrepreneurial suffisamment mûri. Sous différentes formes, seuls ou à plusieurs, avec des fonds propres ou grâce à des financements, ils sont nombreux à tenter cette aventure, souvent avec une grande réussite, parfois avec moins de succès mais en prime une connaissance du terrain des plus précieuses.
La seconde approche consiste à assurer une continuité dans le secteur public ou privé africain comme salarié. Pour ceux qui y parviennent, il est gage de stabilité et de sérénité pour leur projet.
L’intrapreneuriat, une troisième voie
L’intrapreneuriat consiste en la création d’une nouvelle activité dans une entreprise qui nous emploie. On y retrouve la notion d’innovation (activité nouvelle) avec un goût prononcé pour l’entrepreneuriat. Ce contexte économique africain prometteur doit être une magnifique opportunité de nourrir une réflexion collective pour inciter des projets en Afrique d’autant plus que les émigrés africains sont nombreux à occuper des posts de responsabilité dans de nombreuses entreprises. C’est donc à nos compatriotes d’être de supers VRP pour les atouts de notre si beau continent et d’être pilote de ces projets. Je le rappelle, l’Afrique est à ce prix-là : elle est à la fois consensuelle, collective et pragmatique.
CQFD :
- Prendre la décision de rentrer ;
- Envisager un retour avec un sens de l’intérêt général;
- Bien choisir les voies du retour.